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2,5 tonnes de luxe et de technologie : Comment la Flying Spur Mulliner défie les lois de la physique

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Il existe des objets dont la simple existence semble être un défi lancé à la raison. Des créations qui, par leur masse et leur taille, devraient être soumises aux contraintes de l’inertie, de la gravité et de la logique la plus élémentaire. Un super-pétrolier ne vire pas comme un jet-ski. Un gratte-ciel ne se balance pas au gré du vent. Et pourtant, au sommet de la pyramide automobile, Bentley vient de mettre à jour son plus grand paradoxe sur roues : la Flying Spur Mulliner 2025. Une limousine de plus de 2,5 tonnes, un salon roulant tapissé de cuir et de bois précieux, qui accélère, freine et danse dans les virages avec la grâce provocante d’une voiture de sport pesant une tonne de moins. La question n’est pas de savoir si elle le fait, mais bien de comprendre comment les sorciers de Crewe ont réussi ce tour de force technologique.

Le Poids d’un Mythe, la Puissance d’un Monstre

Pour saisir le défi, il faut d’abord poser les chiffres. Le poids à vide de la Flying Spur Mulliner Hybrid frôle les 2 600 kg. C’est le poids de deux citadines, d’un petit éléphant d’Asie ou d’une quantité déraisonnable de luxe et d’insonorisation. Dans un monde normal, une telle masse est l’ennemie jurée de la performance. Mais la Flying Spur n’évolue pas dans un monde normal. Sous son capot interminable se cache une nouvelle centrale hybride, orchestrée par la division Mulliner. Un V8 biturbo de 4.0 litres est associé à un moteur électrique pour développer une puissance combinée colossale de 782 chevaux et un couple titanesque de 1000 Nm.1 Ces chiffres ne parlent pas, ils hurlent. Ils catapultent ce palais de 5,3 mètres de long de 0 à 100 km/h en seulement 3,5 secondes. Relisez cette phrase. C’est plus rapide que de nombreuses sportives pur jus. La vitesse maximale, fixée à 285 km/h, n’est limitée que par la raison, pas par la capacité de la machine. Cette dualité entre un poids pachydermique et une agilité explosive est ce qui la place dans une catégorie à part.

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Le Cerveau Électronique : L’Armée Secrète Anti-Inertie

La puissance brute ne suffit pas à dompter la masse. Pour qu’un tel monstre ne se vautre pas piteusement au premier virage venu, Bentley a dû déployer un arsenal technologique qui relève de la science-fiction. La pièce maîtresse de ce dispositif est le « Bentley Dynamic Ride ». Il s’agit d’un système de barres anti-roulis actives alimenté par un réseau électrique de 48 volts. Quand la voiture entre dans une courbe, des capteurs analysent la force latérale en quelques millisecondes. Instantanément, de petits moteurs électriques appliquent une force contraire aux barres stabilisatrices, pouvant générer jusqu’à 1300 Nm de couple en moins de 0,3 seconde. Concrètement, le système annule activement le roulis. La caisse reste parfaitement à plat, donnant au conducteur une confiance absolue et aux passagers un confort imperturbable, comme si la physique avait décidé de prendre une pause.

Cette magie est complétée par la valse des quatre roues directrices. À basse vitesse, les roues arrière braquent dans la direction opposée aux roues avant. L’effet est bluffant : le rayon de braquage est réduit drastiquement, et la limousine de 5,3 mètres se manœuvre avec la facilité d’une berline compacte. Mais c’est à haute vitesse que le système révèle son génie. Les roues arrière s’orientent alors dans la même direction que les roues avant, allongeant virtuellement l’empattement. Les changements de voie sur autoroute se font avec une stabilité souveraine, comme si la voiture était guidée sur des rails invisibles. L’agilité d’un félin, la stabilité d’un train à grande vitesse.

Plus qu’un Freinage, une Ancre de Porte-Avions

Propulser 2,6 tonnes à des vitesses vertigineuses est une chose. Les arrêter en est une autre. La Flying Spur est équipée de freins en acier qui sont tout simplement les plus grands jamais montés sur une voiture de série. Les disques avant affichent un diamètre de 420 mm, pincés par des étriers à dix pistons. C’est une puissance de décélération phénoménale, une force capable de convertir une énergie cinétique massive en chaleur avec une efficacité redoutable et sans le moindre signe de faiblesse. Le système hybride participe également à l’effort grâce au freinage régénératif, qui non seulement recharge la batterie mais aide aussi à ralentir la voiture en douceur, réduisant l’usure des freins traditionnels. Cette confiance absolue dans le système de freinage est ce qui permet au conducteur d’exploiter sans arrière-pensée la puissance démesurée du moteur.

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Le Design au Service de la Dynamique

Il serait facile de penser que le design de la Flying Spur n’est qu’une question d’esthétique et de statut. C’est une erreur. Chaque ligne, chaque courbe a été pensée pour servir cette dynamique hors du commun. La posture de la voiture, basse et large, avec ses roues de 22 pouces repoussées aux quatre coins, n’est pas un caprice de designer. Elle ancre visuellement et physiquement la voiture au sol. Les flancs musclés et les ailes arrière prononcées ne font pas que suggérer la puissance, ils l’assoient. C’est une esthétique de la force tranquille, où le design ne se contente pas de couvrir la mécanique, mais exprime sa compétence. Voir cette masse sculpturale se mouvoir avec une telle précision et une telle aisance est une expérience en soi. C’est la fusion parfaite entre la vision de l’artiste et le calcul de l’ingénieur.

La Bentley Flying Spur Mulliner 2025 ne défie pas réellement les lois de la physique. Elle les maîtrise, les manipule et les plie à sa volonté avec une telle intelligence et une telle puissance qu’elle donne l’illusion de s’en affranchir. C’est moins une voiture qu’une démonstration de force, un manifeste roulant prouvant que le poids n’est qu’un chiffre quand la technologie, la puissance et le design travaillent de concert. C’est le plus beau tour de magie de l’industrie automobile : faire danser un éléphant comme un danseur étoile.

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Les designers de la Supra 2025 se sont-ils inspirés des avions de chasse ?

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Les designers de la Supra 2025 se sont-ils inspirés des avions de chasse ?, Africars24

Observez attentivement la Toyota Supra 2025. Au-delà de l’évidente filiation avec son ancêtre mythique, la MK4, ses lignes racées et sa posture agressive racontent une autre histoire. Une histoire de vitesse non plus seulement terrestre, mais aérienne. Chaque courbe semble sculptée par le vent à très haute vitesse, chaque détail crie une obsession pour l’aéronautique de combat. Alors, simple coïncidence stylistique ou stratégie de design délibérée ? La réponse, passionnante, se trouve dans l’ADN même de la voiture.

Un cockpit, pas un habitacle

Les designers de la Supra 2025 se sont-ils inspirés des avions de chasse ?, Africars24

Oubliez tout ce que vous savez sur les intérieurs de voitures de sport traditionnelles. Pénétrer dans la Supra 2025, ce n’est pas s’asseoir dans un habitacle, c’est s’ sangler dans un cockpit. La planche de bord est entièrement tournée vers le pilote, enveloppante, créant une séparation nette avec le passager. Les commandes tombent sous la main avec une logique implacable, le regard est immédiatement capté par le combiné d’instrumentation numérique, centré sur le compte-tours, exactement comme dans le HUD (Head-Up Display) d’un chasseur. Le détail le plus révélateur reste le toit à « double bosse ». Loin d’être un simple artifice esthétique, ce design permet de maximiser la garde au toit pour le pilote et son passager, notamment s’ils portent un casque sur circuit, tout en abaissant la ligne de toit globale pour fendre l’air plus efficacement. C’est une solution directement héritée des verrières d’avions de chasse, conçues pour offrir un maximum de visibilité et d’espace dans un carénage ultra-profilé.

La silhouette dictée par le vent

Les designers de la Supra 2025 se sont-ils inspirés des avions de chasse ?, Africars24

La philosophie de design de la Supra, baptisée « Condensed Extreme » par Toyota, repose sur un principe simple : tout ce qui n’est pas essentiel à la performance est superflu. Cela se traduit par une silhouette unique : un capot interminable abritant le six-cylindres en ligne, un empattement court pour une agilité maximale, et un arrière tronqué, presque brutal, coiffé d’un aileron « ducktail » intégré. Cette proportion, long nez et arrière court, est un classique de l’aviation de combat, où le centre de gravité et la poussée sont des éléments clés de la manœuvrabilité. Le design de la Supra n’a pas été dessiné, il a été sculpté pour que l’air s’écoule autour de la carrosserie avec une résistance minimale et un appui maximal, transformant la voiture en une aile inversée plaquée au sol.

L’héritage du concept FT-1, une fusée sur roues

Pour comprendre la Supra actuelle, il faut remonter à sa genèse : le concept-car Toyota FT-1 de 2014. « Future Toyota One ». Le FT-1 était une déclaration d’intention radicale, un exercice de style extrême qui semblait tout droit sorti d’un hangar militaire secret. Ses designers du studio CALTY en Californie ne s’en sont jamais cachés : l’inspiration venait autant des voitures de course que des avions furtifs. Le nez proéminent, rappelant celui d’un avion de Formule 1 mais aussi d’un chasseur, les surfaces vitrées minimalistes, les entrées et sorties d’air béantes… tout dans le FT-1 était pensé pour la gestion des flux d’air à haute performance. La Supra 2025 est la version de production, assagie pour la route, de cette fusée. Elle en conserve l’esprit et les lignes de force, cette sensation qu’elle a été conçue pour une zone de combat, l’asphalte, où chaque dixième de seconde compte.

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Plus qu’une inspiration, une philosophie

Les designers de la Supra 2025 se sont-ils inspirés des avions de chasse ?, Africars24

Lier le design de la Supra 2025 aux avions de chasse n’est pas qu’une simple comparaison esthétique. C’est comprendre la philosophie qui sous-tend sa création. Tetsuya Tada, l’ingénieur en chef du projet, a martelé une vision : le plaisir de conduire pur, la connexion viscérale entre l’homme et la machine. C’est précisément l’ethos d’un pilote de chasse, qui fait corps avec son appareil pour en repousser les limites. Chaque élément de design, de la position de conduite à la réponse de la direction, en passant par la sonorité du moteur, est calibré pour servir cette symbiose. La performance brute, bien que considérable, n’est qu’une partie de l’équation.

Alors, la Supra est-elle une voiture déguisée en avion ? Non. Elle est bien plus que ça. Elle est la matérialisation d’un fantasme de pilote, une machine où chaque courbe et chaque angle murmurent une seule chose : la suprématie aérodynamique. La prochaine fois que vous en croiserez une dans sa livrée noire furtive, levez les yeux. Vous ne verrez plus seulement une voiture de sport, mais bien un chasseur des rues, prêt à dompter l’asphalte avec la précision d’un aigle en piqué.

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Au volant d’une M4 de 700ch : entre extase, paranoïa et allergies au pollen

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Au volant d’une M4 de 700ch : entre extase, paranoïa et allergies au pollen, Africars24

Il y a des promesses qui résonnent différemment dans l’esprit d’un passionné. Celle d’une BMW M4 Competition G82 de 2025, par exemple. Une machine déjà monstrueuse dans sa configuration d’origine, avec ses six cylindres en ligne bi-turbo poussés à 530 chevaux sur cette nouvelle mouture xDrive. Mais la promesse du jour est plus sulfureuse, plus complexe. C’est celle d’une M4 dont la puissance a été déchaînée par un simple changement de régime alimentaire, flirtant désormais avec la barre symbolique des 700 chevaux. Un chiffre qui évoque l’extase pure, des accélérations capables de tasser vos vertèbres et de distordre le paysage. Pourtant, la réalité au volant de ce monstre mécanique est une symphonie bien plus nuancée, un opéra où l’euphorie côtoie la paranoïa et où le drame peut survivre d’un simple éternuement… ou d’un grain de pollen.

La quête de puissance et son carburant magique

La route vers les 700 chevaux commence à la pompe. Pas n’importe laquelle. Celle qui distribue le Superéthanol E85. Ce carburant, issu de l’agriculture et composé jusqu’à 85% d’éthanol, est souvent perçu comme une simple alternative économique. Pour les préparateurs, c’est de l’or liquide. Son secret réside dans son indice d’octane bien plus élevé que celui du Sans Plomb 98, ce qui lui confère une résistance supérieure à l’auto-inflammation, le fameux cliquetis que tout moteur à haute performance redoute. Cette propriété permet de revoir entièrement la cartographie du moteur : plus de pression de turbo, un allumage plus agressif, et au final, une explosion de puissance. L’E85 a aussi un effet refroidissant sur la charge d’air admise, un atout majeur pour la fiabilité d’un moteur bi-turbo poussé dans ses derniers retranchements.1Mais ce pacte avec la performance à un prix, au-delà de la surconsommation notoire de 20 à 25% qu’il engendre.

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Quand la mécanique vous rappelle à l’ordre

Avec une nouvelle cartographie moteur et le réservoir plein d’E85, la M4 se transforme. Les premiers rapports s’enchaînent avec une violence inouïe. La poussée est cataclysmique, le système xDrive luttant pour transmettre l’avalanche de couple au bitume. C’est l’extase promise. Mais alors que la quatrième vitesse est engagée, pied au plancher, le rêve se fissure. Le moteur s’étouffe, hoquette violemment, comme une coupure de carburant. La charge héroïque est interrompue. C’est ici que la paranoïa s’installe. Cette peur sourde qui accompagne chaque trajet dans une voiture lourdement modifiée. Est-ce la pompe à essence qui faiblit ? Un injecteur ? Le début d’une avarie moteur catastrophique ? La réalité est plus subtile, et bien connue des spécialistes. Les bougies d’allumage d’origine, parfaitement calibrées pour 530 chevaux, sont tout simplement dépassées. L’étincelle n’est plus assez puissante pour enflammer correctement le mélange sous cette nouvelle pression. Elle est « soufflée ». La puissance est bien là, tapie dans le moteur, mais une pièce d’usure à quelques dizaines d’euros l’empêche de s’exprimer pleinement.

Le verdict du chronomètre : une attente forcée

Pour quantifier les gains et valider une préparation, il faut un juge de paix impartial. Dans le monde de la performance de rue, ce juge est souvent un boîtier GPS ultra-précis comme le célèbre Dragy. Mais un nouveau concurrent, le GPace VT1, entre dans l’arène, promettant une précision similaire, des fonctionnalités avancées et même une intelligence artificielle intégrée pour affiner les analyses. L’idée était simple : mesurer les temps de référence, avant et après le changement des bougies. Mais avec le moteur qui refuse de délivrer sa pleine charge, toute mesure est impossible. Le chronomètre reste muet, l’écran de l’application désespérément vide. Cette frustration est le cœur de l’expérience de la préparation : un cycle d’amélioration, de tests, d’échecs et de corrections. L’attente est forcée, le potentiel de l’arme est connu, mais sa gâchette est pour l’instant bloquée.

L’ennemi que personne n’avait vu venir

Pendant que la bataille mécanique se joue sous le capot, un autre adversaire, plus insidieux, mène l’assaut. Le pollen. En cette saison, il est partout. La carrosserie d’un noir profond de la M4 est recouverte d’une fine pellicule jaune, ruinant son esthétique agressive. Mais l’attaque est aussi personnelle. Les yeux piquent, la gorge gratte. C’est le paradoxe ultime : être assis dans un cockpit de 100 000 €, aux commandes d’une fusée terrestre de 700 chevaux, et être mis à mal non pas par les forces G, mais par une simple allergie saisonnière. Cette touche de réalité triviale a quelque chose de comique. Elle ramène le projet à sa dimension humaine, loin des fiches techniques et des courbes de puissance. La plus grande menace pour le conducteur ce jour-là n’était pas un virage mal négocié, mais un simple éternuement au mauvais moment.

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La morale de l’asphalte : plus qu’une simple voiture

Cette expérience au volant de la M4 devient une métaphore. Une leçon de vie inattendue, prêchée par le métal et l’éthanol. Le propriétaire de la voiture partage une philosophie : la chance et la fortune ne sont pas des hasards, elles se construisent avec le temps, en osant se frotter à l’inconfort. Il évoque la règle des 100 heures : consacrer 100 heures à n’importe quelle compétence vous rendra meilleur que 95% des gens. Le processus de modification de ce M4 en est l’illustration parfaite. Affronter l’inconnu de la mécanique, diagnostiquer un problème, chercher la bonne pièce, l’installer, tester à nouveau. Chaque étape est une heure d’investigation. La « chance » d’avoir une voiture de 700 chevaux parfaitement réglée n’est en fait que le résultat d’un effort acharné et d’une persévérance face aux pépins.

Conduire ce M4 n’est donc pas seulement une affaire de vitesse. C’est une expérience totale qui engage l’intellect autant que les sens. C’est accepter un équilibre précaire entre la joie brute de la puissance, l’anxiété de la panne potentielle et les petites tracas du quotidien. C’est la preuve que la passion automobile, la vraie, n’est pas une simple acquisition. C’est un parcours, un apprentissage constant où la seule limite est sa propre volonté de comprendre et de maîtriser la machine.

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Le Mur de la Discorde : Pourquoi la cloison du nouveau Phantom est la fonctionnalité la plus débattue de 2025

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Le Mur de la Discorde : Pourquoi la cloison du nouveau Phantom est la fonctionnalité la plus débattue de 2025, Africars24

Pour 2025, la maison de Goodwood n’a pas seulement mis à jour son icône ; elle a lancé un pavé dans la mare du luxe avec une option qui suscite autant de fascination que de controverse : la « Privacy Suite ». Il ne s’agit pas d’une simple vitre teintée, mais d’un véritable mur amovible, une cloison d’ingénierie qui isole complètement la cabine arrière. Dans notre monde hyper-connecté qui prône le partage et l’ouverture, cet ajout est perçu par certains comme le summum du raffinement et par d’autres comme le manifeste ultime de la déconnexion sociale. La question n’est plus de savoir si le Phantom est la meilleure voiture du monde, mais ce que cette cloison dit de nous et de notre époque.

L’apogée du luxe ou le summum de l’isolement ?

Sur le papier, la « Privacy Suite » est un chef-d’œuvre. D’une simple pression sur un bouton, une vitre électrochromique passe de parfaitement transparente à complètement opaque, coupant tout contact visuel avec le chauffeur. Simultanément, un composé d’insonorisation à fréquence spécifique s’active, empêchant toute conversation de filtrer vers l’avant. C’est un sanctuaire mobile, une bulle de sérénité absolue conçue pour les capitaines d’industrie, les chefs d’État et les célébrités qui négocient des contrats de plusieurs millions ou cherchent simplement un répit loin des regards indiscrets. Rolls-Royce a vendu le rêve de l’intimité parfaite, un espace où le temps et le monde extérieur n’ont plus de prise. L’intention est claire : offrir le luxe ultime, celui de la confidentialité absolue. Pourtant, cette quête d’isolement parfait ne vient-elle pas à un coût social ?

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Un design qui divise la communauté automobile

L’accueil de cette innovation est loin d’être unanime. Sur les forums spécialisés et les réseaux sociaux, le débat fait rage. Pour les puristes du voyage, l’automobile est une expérience partagée. Cette cloison, affirment-ils, déshumanise la relation avec le chauffeur, le réduisant au statut de simple opérateur de machine, un pilote d’Uber pour milliardaires. Elle incarne une forme d’élitisme glacial qui va à l’encontre de la chaleur et du service personnalisé qui ont fait la légende des chauffeurs de grande remise. Alors que de nombreux constructeurs de luxe conçoivent des intérieurs ouverts et conviviaux, pensés comme des salons roulants, Rolls-Royce prend le contre-pied. La marque ne propose pas seulement un produit, mais une idéologie : celle que la véritable exclusivité ne se partage pas.

Plus qu’une vitre : une prouesse d’ingénierie et de design

Critiquer la « Privacy Suite » sur sa seule philosophie serait ignorer la merveille technologique qu’elle représente. Le verre électrochromique est une chose, mais l’isolation acoustique en est une autre. Rolls-Royce a développé un composé qui absorbe spécifiquement les fréquences de la voix humaine. Le résultat est stupéfiant : vous pouvez tenir une réunion confidentielle à l’arrière tandis que le chauffeur écoute de la musique classique à l’avant, chacun dans sa propre bulle sonore. Pour les échanges nécessaires, un système d’interphone permet de communiquer clairement, mais son activation est à la seule discrétion du passager arrière. Une trappe, elle aussi contrôlée depuis l’arrière, s’illumine discrètement pour permettre de passer des documents en toute sécurité. Chaque détail a été pensé non pas pour ériger un simple mur, mais pour créer une interface de communication parfaitement maîtrisée.

Le reflet d’une époque fracturée ?

Au-delà de l’automobile, cette cloison est peut-être le reflet le plus juste de notre société en 2025. Nous vivons à l’ère des bulles de filtres sur les réseaux sociaux, de la polarisation politique et d’un désir croissant de contrôler notre environnement. Le Phantom et sa « Privacy Suite » ne sont que la matérialisation la plus luxueuse de cette tendance. C’est un coffre-fort roulant qui protège non seulement des dangers physiques, mais aussi de l’intrusion sociale et informationnelle. Dans un monde post-pandémique où la notion d’espace personnel a été redéfinie, Rolls-Royce offre la distanciation sociale la plus exclusive qui soit. Ce n’est plus seulement une voiture, c’est un statement, une prise de position sur la manière dont ses occupants souhaitent interagir, ou non, avec le monde.

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Le débat autour de la « Privacy Suite » est la preuve du génie de Rolls-Royce. La marque n’a pas seulement lancé une option coûteuse ; elle a initié une conversation planétaire sur la nature même du luxe, de la vie privée et des rapports humains à l’ère moderne. Cette cloison n’est peut-être pas tant le mur qui sépare le passager de son chauffeur, que celui qui sépare, encore une fois, Rolls-Royce de tous les autres constructeurs. La vraie question qu’elle nous pose est simple : de quel côté du mur vous situez-vous ?

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