330 km/h en famille ? Le test de l’Alpina XB7 qui défie les lois de la physique

Imaginez un instant le scénario suivant : vous êtes aux commandes d’un penthouse de luxe bavarois, vos enfants regardent un film en 4K à l’arrière, votre conjoint profite d’un massage aux pierres chaudes intégré au siège passager, et pourtant, vous êtes en train de déposer une Porsche 911 au démarrage d’un péage d’autoroute. Bienvenue à bord de la BMW Alpina XB7 2025, une aberration mécanique qui n’aurait jamais dû exister si les ingénieurs de Buchloe avaient écouté la raison plutôt que la passion. Ce n’est pas simplement un SUV, c’est un pied de nez magistral aux lois fondamentales de la gravité et de l’aérodynamisme, enveloppé dans le cuir le plus fin du monde.

Quand la gravité prend des vacances

Il y a quelque chose de profondément perturbant, presque comique, à voir une BMW Alpina XB7 se mouvoir. Notre cerveau est conditionné pour associer la taille à la lenteur, ou du moins à une certaine inertie. Mais la XB7 2025 détruit cette perception dès la première pression sur la pédale de droite. Avec un 0 à 100 km/h expédié en 3,9 secondes, ce colosse ne démarre pas, il se téléporte. Pour mettre cela en perspective, c’est le temps qu’il fallait à une Ferrari F40 pour atteindre la même vitesse il y a quelques décennies. Sauf qu’ici, vous le faites avec un réfrigérateur rempli de boissons fraîches dans l’accoudoir et six passagers.

La magie ne réside pas seulement dans l’accélération brute, mais dans la manière dont elle est livrée. Contrairement à une BMW M qui cherche à vous brutaliser, l’Alpina XB7 vous propulse avec une force onctueuse, inépuisable, presque maritime. C’est la main de fer dans un gant de velours, ou plutôt dans un gant en cuir Lavalina cousu main. La vitesse maximale, affichée fièrement, flirte avec la barre mythique des 300 km/h (limitée électroniquement à 290 km/h pour préserver les pneus de la désintégration), faisant de ce véhicule l’un des objets les plus rapides capables de transporter une équipe de volley-ball complète.

Le Cœur de la Bête : Sorcellerie Mécanique à Buchloe

Sous le capot sculpté se cache le joyau de la couronne : le V8 bi-turbo de 4,4 litres. Mais attention, ne faites pas l’erreur de penser qu’il s’agit simplement du moteur d’une X7 M60i avec une nouvelle cartographie. Chez Alpina, on ne fait pas de « chiptuning ». Les ingénieurs de Buchloe ont ouvert le bloc pour y installer des turbocompresseurs spécifiques à double spirale, optimisé le système de refroidissement pour gérer des charges thermiques dignes d’une centrale nucléaire, et retravaillé l’admission.

Le résultat est une puissance de 639 chevaux (630 bhp) et, plus important encore, un couple titanesque de 800 Nm disponible dès 1 800 tr/min. C’est ce couple qui change tout. Il donne à la XB7 cette capacité à relancer sans le moindre effort, quel que soit le rapport engagé, quelle que soit la pente, quelle que soit la charge. Là où une BMW M traditionnelle hurle pour aller chercher sa puissance en haut du compte-tours, l’Alpina vous pousse avec la force tranquille d’un remorqueur océanique dopé à la nitro. La boîte de vitesses automatique ZF à 8 rapports a été recalibrée avec le logiciel « Switch-Tronic » d’Alpina pour offrir des passages de rapports imperceptibles en mode confort et chirurgicaux en mode sport.

L’Art du « Sport Comfort » : Une Cathédrale qui vire à plat

Le véritable tour de force de l’Alpina XB7 2025 n’est pas sa vitesse en ligne droite, n’importe quel véhicule électrique moderne peut le faire. Le miracle se produit lorsque la route tourne. Comment fait-on pour qu’un véhicule de la taille d’un studio parisien vire à plat ? La réponse tient en deux mots : suspension pneumatique adaptative spécifique Alpina. Les sorciers de la marque ont modifié la géométrie, ajouté des renforts de châssis et reprogrammé les amortisseurs pour créer ce qu’ils appellent le mode « Comfort Plus ».

Sur l’autoroute, la voiture s’abaisse automatiquement pour fendre l’air, réduisant le centre de gravité. En mode Sport, la suspension se raidit juste assez pour communiquer les informations de la route sans jamais devenir cassante. La direction active intégrale (les roues arrière directrices) permet à ce léviathan de pivoter autour des épingles avec une agilité qui défie l’entendement. On se surprend à attaquer des virages serrés avec un sourire narquois, oubliant totalement que l’on conduit un immeuble. C’est une expérience dissonante : vos yeux voient un capot immense devant vous, mais vos mains ressentent la précision d’une berline sportive.

Un Intérieur signé Eduardo Benz… ou presque

Si l’extérieur, avec ses boucliers avant spécifiques estampillés « ALPINA » et ses quatre sorties d’échappement ovales, impose le respect, l’intérieur est une ode à l’artisanat. Oubliez le carbone agressif des modèles M. Ici, on parle de bois précieux, de verre cristal craquelé pour le sélecteur de vitesse (avec le logo Alpina gravé au laser à l’intérieur, un détail sublime) et surtout, du cuir Lavalina. Ce cuir, tanné naturellement, est d’une douceur telle qu’il rendrait jaloux un sac à main de la Place Vendôme.

Le volant est un chapitre à lui seul. Fini le cuir rugueux « M Sport », place à un cuir Lavalina cousu main avec les fameuses surpiqûres bleues et vertes, signature de la marque depuis des décennies. L’écran incurvé massif intègre des graphismes spécifiques à Alpina, adoptant une teinte bleue apaisante et des polices de caractères exclusives. C’est dans ces détails que l’on comprend pourquoi on paie le prix fort. Vous n’achetez pas seulement une voiture, vous achetez une place dans un club très fermé, celui des connaisseurs qui trouvent qu’une Rolls-Royce Cullinan est « un peu trop vulgaire » et qu’une BMW X7 standard est « trop commune ».

Le dernier des Mohicans ?

Alors que l’industrie automobile se rue vers l’électrification totale et aseptisée, la BMW Alpina XB7 2025 fait figure de résistance. Elle représente l’apogée du moteur thermique, le sommet de ce que l’ingénierie allemande peut produire quand elle n’a aucune limite de budget. C’est un véhicule excessif, politiquement incorrect, cher, et gourmand. Et c’est exactement pour cela qu’il est absolument indispensable.

Est-ce raisonnable d’acheter un SUV capable de frôler les 300 km/h pour aller chercher le pain ? Absolument pas. Mais l’Alpina XB7 ne s’adresse pas à la raison. Elle s’adresse à cette petite voix dans votre tête qui veut le meilleur, le plus rapide et le plus exclusif, sans avoir besoin de le crier sur les toits. Si vous avez les moyens de signer le chèque, faites-le. Car des dinosaures aussi majestueux, nous n’en verrons plus beaucoup.