Adieu l’écran tactile ? L’audacieux pari d’Opel qui divise l’internet

Le constructeur allemand, désormais sous la bannière Stellantis, a pris une décision qui fait déjà hurler les technophiles et sourire les pragmatiques : sur la version d’entrée de gamme, l’écran central disparaît purement et simplement. Oui, vous avez bien lu. À l’heure du « tout numérique », le Frontera ose le « Bring Your Own Device » (apportez votre propre appareil) avec une audace que l’on n’attendait pas d’une marque aussi rationnelle.

La Station Smartphone : Génie Incompris ou Économie de Bout de Chandelle ?

C’est le cœur du débat qui enflamme la toile depuis la révélation des premières images. Au lieu de l’habituelle tablette tactile qui trône au milieu du tableau de bord, Opel propose sur ses finitions d’accès une « station smartphone » innovante. L’idée est d’une simplicité désarmante : votre téléphone est plus puissant, plus connecté et plus jour que n’importe quel système d’infodivertissement embarqué. Alors, pourquoi ne pas en faire le cerveau de la voiture ? Une fois fixé sur le support dédié, votre smartphone devient l’interface principale, pilotable via les commandes au volant et une application dédiée. C’est un pari risqué. Pour certains, c’est une libération face aux logiciels lents et aux mises à jour coûteuses. Pour d’autres, c’est un aveu de faiblesse, une manière déguisée de réduire les coûts de production en vendant un véhicule « incomplet ». Mais force est de constater que dans un monde où nous changeons de téléphone tous les deux ans alors que nous gardons nos voitures dix ans, cette approche garantit une interface toujours fluide et moderne.

Cependant, Opel ne laisse pas les amateurs de pixels sur le carreau. Pour ceux qui ne peuvent pas vivre sans une dalle numérique, le constructeur propose toujours le fameux « Pure Panel » sur les finitions supérieures, composé de deux écrans de 10 pouces. Mais même dans cette configuration, on sent une volonté de ne pas surcharger l’expérience utilisateur. Le message est clair : la technologie doit servir le conducteur, pas l’envahir. Ce minimalisme se retrouve d’ailleurs dans la conservation, Dieu merci, de boutons physiques pour la climatisation. C’est une petite victoire pour l’ergonomie que nous saluons bas, car devoir naviguer dans trois sous-menus pour baisser la température à 110 km/h reste une hérésie sécuritaire que le Frontera évite brillamment.

Design Extérieur : Le Blitz se Réinvente

Si l’intérieur divise, l’extérieur, lui, semble vouloir mettre tout le monde d’accord par sa robustesse assumée. Le Frontera 2025 n’a plus rien à voir avec son ancêtre des années 90, ce 4×4 rustique dérivé d’Isuzu. Aujourd’hui, nous sommes face à un SUV urbain qui adopte les nouveaux codes esthétiques de Rüsselsheim. La face avant arbore fièrement le « Vizor », cette calandre noire pleine qui intègre les phares et le nouveau logo « Blitz » d’Opel, plus fin et moderne. C’est propre, c’est net, et ça donne au véhicule une « tête » de robot futuriste, un peu comme un Stormtrooper qui aurait troqué son armure blanche pour un costume gris métallisé.

La silhouette générale joue la carte du « Boxy » (cubique), une tendance lourde du design actuel qui privilégie l’espace intérieur et l’aspect solide. Les passages de roues sont marqués, presque musclés, donnant au véhicule une assise visuelle rassurante. On remarque aussi une intéressante séparation visuelle au niveau du montant C et des feux arrière dédoublés qui élargissent visuellement l’auto. Ce n’est pas une voiture de sport, et elle ne prétend pas l’être. C’est un outil de mobilité familial, robuste et prêt à affronter la jungle urbaine – et peut-être quelques chemins de terre, honneur au nom oblige. Le toit contrasté noir ajoute cette petite touche « lifestyle » indispensable pour séduire une clientèle plus jeune, cherchant à se distinguer sans forcément se ruiner dans des marques premium.

Confort et Habitabilité : L’Innovation Intelli-Seat

Parlons de ce qui compte vraiment quand on passe des heures dans les bouchons ou sur l’autoroute : le confort. Ici, Opel sort une carte maîtresse de sa manche avec les « Intelli-Seats ». Le constructeur allemand a toujours eu une réputation solide en matière d’assise (avec ses sièges certifiés AGR par le passé), et il continue sur cette lancée. Les sièges avant du Frontera intègrent une fente spécifique au centre de l’assise qui soulage la pression sur le coccyx. Cela peut sembler anecdotique dit comme ça, mais sur un trajet de 500 kilomètres, c’est la différence entre sortir de la voiture frais comme un gardon ou courbé comme un vieillard. C’est ce genre de détail « invisible » mais perceptible qui fait la différence entre un bon design et du simple styling.

L’habitabilité ne s’arrête pas aux sièges. Le coffre est gargantuesque pour la catégorie, offrant plus de 460 litres en configuration standard et jusqu’à 1600 litres une fois les sièges rabattus. Le plancher de chargement est modulable et, détail pratique, les sièges arrière se rabattent en 60/40 pour offrir une surface quasi plane. On sent que la voiture a été pensée pour la vie réelle : charger des courses, des meubles en kit ou des équipements de sport. Le volant, avec son design aplati en haut et en bas, dégage la vue sur l’instrumentation et l’espace pour les jambes, renforçant cette impression d’espace optimisé.

Sous le Capot : L’Électrification pour Tous

Opel ne fait pas dans la dentelle côté motorisation : ce sera électrique ou électrifié, point barre. Le nouveau Frontera repose sur la plateforme « Smart Car » de Stellantis, conçue pour être flexible et économique. Vous aurez le choix entre une version purement électrique (BEV) et une version hybride légère 48V. Cette stratégie à deux têtes est intelligente. Elle permet de capter les « early adopters » prêts pour le 100% électrique, tout en offrant une solution de transition rassurante et moins coûteuse pour les familles qui ne sont pas encore prêtes à gérer la logistique de la recharge au quotidien.

Cette approche pragmatique positionne le Frontera comme un véritable couteau suisse. Il n’essaie pas de battre des records de vitesse sur le Nürburgring, mais de battre des records d’efficience et de praticité au quotidien. La version hybride, avec sa chaîne de distribution (et non une courroie humide problématique comme sur les anciens PureTech), semble être le compromis idéal pour le marché africain et européen, alliant fiabilité mécanique et économie de carburant.

Une Révolution Silencieuse

Le nouveau Opel Frontera est bien plus qu’un simple SUV de plus sur le marché. C’est un manifeste. En osant supprimer l’écran sur l’entrée de gamme, Opel nous force à nous interroger sur nos besoins réels. Avons-nous besoin de plus de pixels, ou de plus d’intelligence ? Avec son design robuste, ses sièges pensés pour la santé et ses motorisations rationnelles, le Frontera se pose comme l’anti-voiture-gadget. Il ne plaira pas à ceux qui cherchent du « m’as-tu-vu », mais il risque de devenir le meilleur ami des familles et des conducteurs pragmatiques. « Africars24 » valide cette approche : c’est audacieux, c’est fonctionnel, et c’est diablement bien dessiné. Reste à voir si le marché est prêt à lâcher ses écrans géants pour retrouver le plaisir simple de conduire.