Il y a des voitures qui se contentent d’être des machines, et il y a celles qui possèdent une âme. L’ALPINA B4 GT Gran Coupé n’est pas une simple automobile ; c’est un manifeste roulant, le testament d’une époque révolue et peut-être le dernier écho authentique de l’esprit de Buchloe. À l’heure où BMW a finalisé le rachat de son préparateur fétiche, ce modèle « GT » n’arrive pas seulement avec plus de puissance. Il débarque avec le poids de l’histoire sur ses jantes de 20 pouces, s’imposant instantanément comme un objet de convoitise, non pas pour ce qu’il est aujourd’hui, mais pour tout ce qu’il représente pour demain. Oubliez un instant la fiche technique ; ce qui se joue ici est la naissance d’un collector, la capture d’un ADN en voie de disparition.
La puissance d’un M, l’âme d’un gentleman
Ne vous y trompez pas, la B4 GT est une arme. Sous son capot long et sculptural se cache une version magnifiée du six-cylindres en ligne S58 de 3,0 litres, le même bloc qui anime les M3 et M4. Mais là où la division M de BMW cherche l’explosion et le chrono à tout prix, ALPINA poursuit une quête différente : celle de la force tranquille. Les ingénieurs de Buchloe ont poussé la puissance à 522 chevaux, mais le chiffre qui change tout est celui du couple : un couple titanesque de 730 Nm disponible très bas dans les tours. Le résultat est une poussée massive, inépuisable, qui vous catapulte d’une courbe à l’autre sans jamais le moindre drame. C’est la différence entre un uppercut brutal et une onde de choc implacable. La boîte automatique ZF à 8 rapports, recalibrée par ALPINA, est un modèle de clairvoyance, égrenant les rapports avec une fluidité que la boîte M ne peut qu’envier en usage quotidien.
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Cette machine n’est pas conçue pour humilier les autres au feu rouge, même si elle le peut sans effort. Elle est faite pour dévorer des continents entiers, pour rendre chaque kilomètre aussi exaltant que reposant. La transmission intégrale, fortement typée propulsion, et la suspension adaptative spécifique à ALPINA créent un équilibre magique. La voiture reste confortable sur les routes dégradées tout en affichant une rigueur et une précision chirurgicale dès que le rythme s’accélère.
Une esthétique qui murmure, elle ne crie pas
Dans un monde automobile qui crie à qui mieux mieux avec des ailerons démesurés et des calandres béantes, l’ALPINA B4 GT choisit la voie de l’élégance discrète. C’est une voiture pour ceux qui savent, pas pour ceux qui veulent se montrer. Le design extérieur est un exercice de retenue. La jupe avant spécifique, les fines décalcomanies dorées et le petit aileron arrière ne sont pas là pour l’esbroufe ; ils sont fonctionnels. Ils stabilisent la voiture à haute vitesse et affirment son identité sans jamais tomber dans la vulgarité. Et puis, il y a les jantes. Les mythiques ALPINA Classic de 20 pouces, ici en finition Oro Tecnico pour la version GT, sont plus qu’un simple équipement ; elles sont une signature, une œuvre d’art qui marie la légèreté à la robustesse depuis des décennies. Associées aux teintes iconiques Bleu ALPINA ou Vert ALPINA, elles créent une allure à la fois intemporelle et incroyablement moderne. L’intérieur suit la même logique : le meilleur de BMW, sublimé par ALPINA. Le cuir Lavalina, d’une douceur incomparable, recouvre les sièges et le volant cousu main, tandis que la plaque numérotée sur la console centrale vous rappelle que vous êtes au volant d’une machine d’exception, produite en série limitée.
L’équation financière : plus qu’une voiture, un véritable actif
Parlons argent. A plus de 100 000 €, la B4 GT n’est pas donnée. Mais la considérer comme une simple dépense serait une erreur d’analyse fondamentale. Il s’agit d’un investissement. C’est l’une des toutes dernières ALPINA entièrement conçues et développées à Buchloe avant que BMW ne prenne le contrôle total des opérations fin 2025. Cet élément seul lui confère un statut historique. Le badge « GT », traditionnellement réservé chez ALPINA aux modèles de fin de carrière les plus aboutis et les plus puissants, ajoute une couche de désirabilité. Ces versions ont toujours connu une appréciation significative sur le marché de la collection. La production sera, comme toujours, très limitée. Dans un marché qui s’électrifie à marche forcée, un pur-sang thermique de cette trempe, doté d’un tel pedigree et d’une telle histoire, est une anomalie. C’est une espèce en voie d’extinction, et comme toute rareté, sa valeur est destinée à grimper.
Posséder une B4 GT, c’est détenir un morceau du patrimoine automobile, un témoignage de ce que fut l’âge d’or du Grand Tourisme à moteur thermique. C’est un actif tangible que l’on peut, en plus, conduire et apprécier chaque jour.
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Le chant du cygne de Buchloe
La BMW ALPINA B4 GT Gran Coupé n’est donc pas qu’une simple voiture rapide et luxueuse. Elle est le point d’orgue d’une symphonie de plus de 60 ans, le chef-d’œuvre final d’un artisan qui s’apprête à changer de nature. Chaque détail, de la réponse du moteur au grain du bois précieux dans l’habitacle, raconte l’histoire d’une philosophie où la performance n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’atteindre une expérience de conduite totale. Conduire cette voiture, c’est ressentir la passion, le savoir-faire et l’indépendance d’esprit qui ont défini ALPINA. Alors que l’avenir de la marque sous l’égide de BMW s’oriente vers le très haut luxe, potentiellement électrique, la B4 GT restera comme le phare d’une époque. Une légende sur roues, un collector avant même d’avoir quitté la concession.