Bovensiepen : La Marque Qui Va Tuer les Préparateurs Tuning

Le tuning de luxe est sur le point de prendre une leçon de bonnes manières, et le professeur s’appelle Bovensiepen. Alors que la famille fondatrice d’Alpina a cédé sa marque historique à BMW, elle n’a pas vendu son âme ni son savoir-faire. En s’associant avec le carrossier légendaire Zagato, ils ne nous présentent pas une simple BMW M4 modifiée, mais une résurrection de l’art perdu de la carrosserie sur mesure. C’est une déclaration de guerre à la vulgarité, une gifle en gant de cuir Lavalina envoyée à tous les « tuners » qui confondent agressivité et performance.

Le Phénix Bavarois : Quand l’Âme d’Alpina Rejaillit

Il faut comprendre le séisme qui secoue la Bavière pour apprécier cette voiture. Pendant des décennies, Alpina a été l’alternative aristocratique à la division M de BMW. Mais avec le rachat d’Alpina par le géant BMW, on craignait que l’esprit de « Burkard Bovensiepen » ne s’évapore dans les couloirs corporatistes de Munich. Erreur monumentale. Florian et Andreas Bovensiepen, les héritiers, ont profité de cette liberté retrouvée pour lancer leur propre griffe : Bovensiepen. Ce n’est pas un préparateur qui achète des pièces sur catalogue; c’est une manufacture qui reprend le flambeau là où Alpina l’a laissé, mais en montant le curseur de l’exclusivité à un niveau stratosphérique.

La voiture que vous voyez à l’écran, capturée sous toutes ses coutures dans la vidéo de RoCars, n’est pas un exercice de style vain. C’est la preuve vivante que l’on peut prendre une base moderne, bourrée d’électronique et de contraintes de sécurité, et lui insuffler une âme artisanale. Là où des préparateurs comme Mansory ou Brabus cherchent à choquer visuellement pour attirer les likes sur Instagram, Bovensiepen joue la carte de la subtilité technique et historique. C’est la différence entre crier pour se faire entendre et chuchoter pour se faire écouter. Cette voiture ne cherche pas à impressionner le voisin au feu rouge; elle cherche à satisfaire le connaisseur qui sait exactement ce qu’il conduit.

Ceci N’est Pas Une BMW M4

D’un point de vue technique, le choix de la base est une masterclass d’ingénierie qui prendra au dépourvu la plupart des amateurs de « stage 1 ». La Bovensiepen Zagato est basée sur la BMW M4, certes, mais pas n’importe laquelle. Contre toute attente, ils ont opté pour la structure de la G83, la M4 Cabriolet, pour construire ce coupé. Cela semble absurde ? Au contraire, c’est du génie pur. Le châssis du cabriolet est structurellement renforcé au niveau des bas de caisse et du tunnel de transmission pour compenser l’absence de toit. En greffant une carrosserie fixe en carbone sur cette base ultra-rigide, Bovensiepen crée une cage de rigidité torsionnelle que la M4 Coupé standard (G82) ne peut tout simplement pas égaler.

Sous le capot, le moteur S58, ce six cylindres en ligne biturbo qui est déjà une merveille de la technologie moderne, reçoit le traitement « maison ». Bien que les chiffres exacts de puissance soient gardés jalousement comme des secrets d’État (on parle de plus de 600 chevaux), la philosophie n’est pas la chasse au chronomètre sur le Nürburgring. L’objectif est l’agrément, le couple à bas régime, cette force tranquille qui vous propulse sans vous brutaliser. C’est le retour du « Fine Driving », un terme cher à la famille, qui privilégie la fluidité et la connexion homme-machine plutôt que la rigidité cadavérique d’une voiture de piste. On ne parle pas ici de suspensions en béton, mais d’un amortissement calibré pour avaler les kilomètres d’Autobahn à 300 km/h tout en permettant de discuter sans hausser la voix.

Zagato au Scalpel : Le Design qui Divise et Fascine

Le design est le point de rupture. Soit vous tombez amoureux, soit vous ne comprenez pas. Et c’est exactement le but. En confiant le crayon à Zagato, Bovensiepen s’assure une signature visuelle unique. La vidéo nous permet d’admirer cette transformation radicale. La face avant a été retravaillée pour adoucir les fameux « haricots » géants de la M4, les intégrant mieux dans une ligne plus fluide et moins agressivement verticale. Les optiques, soulignées par des détails cuivrés ou argentés selon la configuration, donnent un regard plus perçant, plus humain presque, à la machine.

Mais c’est de profil et de dos que la magie opère. La ligne de toit, avec le légendaire « Double Bubble » de Zagato – héritage de l’époque où il fallait de la place pour les casques des pilotes – redéfinit complètement la silhouette. La poupe tronquée, ou « Kamm Tail », n’est pas juste esthétique; elle améliore l’aérodynamisme en réduisant la traînée. Les feux arrière, spécifiques à ce modèle, sont des bijoux de complexité qui semblent flotter dans la carrosserie. On est loin, très loin, des ajouts de plastique collés au double-face. Ici, chaque panneau de carrosserie est nouveau. C’est de la haute couture automobile. La livrée argentée présentée dans la vidéo renforce cet aspect « lingot sculpté », jouant avec la lumière de manière liquide, loin des peintures mates agressives qui saturent le marché actuel.

L’Habitacle : Une Leçon de Savoir-Vivre

À l’intérieur, la rupture avec le monde du tuning est encore plus flagrante. Si vous montez dans une préparation Mansory, vous êtes souvent agressé par des couleurs néon et des logos omniprésents. Chez Bovensiepen, l’ambiance est celle d’un salon privé britannique. Les images détaillées de l’intérieur montrent un travail de sellerie qui ferait rougir les meilleurs artisans de Goodwood. Le volant arbore fièrement le nouveau logo Bovensiepen, remplaçant l’hélice bavaroise, signalant au conducteur qu’il n’est plus dans une simple BMW.

Les matériaux sont choisis avec une maniaquerie obsessionnelle. On ne parle pas de « cuir vegan » ou de plastiques recyclés pour faire bonne figure écologique. On parle de peaux sélectionnées, probablement du cuir Lavalina, connu pour sa douceur et sa capacité à respirer, cousu main avec une précision chirurgicale. Les inserts ne sont pas en « faux carbone » mais en matériaux nobles, peut-être du bois précieux ou du métal fraisé dans la masse. L’ergonomie technologique de la BMW moderne (les grands écrans incurvés) est conservée, mais elle est enchâssée dans un écrin qui rend la technologie moins froide, plus chaleureuse. C’est un cocon conçu pour isoler le conducteur du chaos extérieur, pas pour le stimuler artificiellement avec des lumières d’ambiance stroboscopiques.

Pourquoi les « Tuners » Doivent Trembler

La Bovensiepen Zagato n’est pas une voiture pour tout le monde, et c’est sa plus grande force. Avec un prix qui frôle probablement le demi-million d’euros, elle se positionne sur un territoire où la concurrence ne se joue plus sur les chiffres du 0 à 100 km/h, mais sur l’émotion et la rareté. En revenant aux sources du carrossage (coachbuilding) et en s’éloignant du tuning de performance pure, Bovensiepen montre une nouvelle voie.

Cette voiture prouve que l’avenir de l’automobile thermique ultra-exclusive ne réside pas dans la surenchère de puissance – nous avons atteint les limites physiques de ce qui est exploitable sur route ouverte – mais dans la surenchère de raffinement et d’identité. Les préparateurs traditionnels qui continuent de vendre des chevaux vapeurs et des ailerons géants sont soudainement devenus « has been ». Bovensiepen ne vend pas une voiture modifiée; ils vendent une œuvre d’art roulante, signée par deux des plus grands noms de l’histoire automobile européenne. Et face à cela, aucun kit carrosserie, aussi large soit-il, ne peut rivaliser.