L’argent a une odeur, mais le vrai luxe, lui, a un son : le silence. Dans la bataille acharnée des SUV 7 places, où les moteurs électriques ont fait de la quiétude la norme, le BYD Tang débarque avec une ambition folle : faire taire la concurrence, au sens propre. Alors, ce nouveau venu est-il vraiment le roi du silence, ou juste un prétendant qui fait beaucoup de bruit pour rien ?
Le nouveau champ de bataille : le silence à 0 km/h
Pendant un siècle, le luxe automobile se mesurait au son. Le grondement d’un V8, le feulement d’un V12. L’électrification a tout changé. Elle a éliminé le bruit noble du moteur pour exposer tous les autres, les bruits parasites, les « bruits de pauvre » : le vent qui siffle contre le montant A, les pneus qui hurlent sur l’asphalte, la pluie qui martèle le toit. Le silence total est devenu le nouveau Graal. C’est un problème d’ingénierie, mais c’est surtout un défi de design. Les constructeurs comme Mercedes et Audi dépensent des fortunes pour créer une « bulle de sérénité », utilisant des vitrages acoustiques, des mousses isolantes et même l’annulation active du bruit. C’est ce silence que BYD prétend aujourd’hui offrir, mais à une fraction du prix.
Publicité
Un design « Dragon Face » conçu pour fendre l’air (et le son)
Quand on regarde le BYD Tang, on voit d’abord ce design « Dragon Face » agressif, signé Wolfgang Egger (un transfuge d’Audi, et ça se voit). Mais ce design n’est pas qu’esthétique. Chaque ligne, chaque courbe a été pensée pour l’aérodynamisme. Le coefficient de traînée (Cx) est optimisé pour que l’air glisse sur la carrosserie au lieu de s’y heurter. Moins de résistance à l’air, c’est moins de sifflements à haute vitesse. C’est la première étape. La seconde est passive, mais cruciale : le vitrage. Le Tang ne se contente pas d’un pare-brise acoustique ; il embarque du double vitrage feuilleté pour les vitres latérales avant et arrière. C’est une prestation que l’on trouve habituellement sur une Audi A8 ou une Mercedes Classe S, pas sur un SUV familial à ce tarif.
Mais le vrai secret du Tang se trouve sous vos pieds. Sa fameuse « Blade Battery », intégrée à la structure même du châssis, n’est pas seulement une source d’énergie. Par sa masse et sa densité, elle agit comme un gigantesque amortisseur de vibrations. Elle absorbe et étouffe une énorme partie des bruits de roulement et des imperfections de la route avant même qu’ils n’atteignent l’habitacle.
Là où le silence se brise (un peu)
Alors, tout est parfait ? Presque. Le silence a un effet pervers : il expose le moindre petit défaut. Si le Tang filtre magnifiquement les bruits d’air et de moteur, il est un peu moins performant que l’EV9 ou l’Audi pour masquer les bruits de roulement sur des revêtements très granuleux ou dégradés. On sent que BYD a mis le paquet sur le vitrage, mais peut-être un peu moins sur la mousse expansive dans les passages de roue. De plus, le silence de la caisse met en lumière des détails de design sonore. Le son du clignotant, par exemple, ou les alertes de l’infodivertissement, peuvent sembler un peu basiques, presque « cheap », en contraste avec la quiétude générale de l’habitacle.
Le silence à quel prix ?
Alors, revenons à notre question : le BYD Tang est-il le SUV 7 places le plus silencieux du marché ? La réponse factuelle est non. L’Audi Q8 e-tron et le Kia EV9 le battent d’une courte tête, surtout à haute vitesse.
Mais c’est poser la mauvaise question. La vraie question est : le BYD Tang offre-t-il le meilleur rapport silence-prix de la planète ? La réponse est un oui assourdissant. Il offre 95% du silence d’un SUV premium allemand pour 70% de son prix. Il redéfinit ce qu’on est en droit d’attendre d’un véhicule familial. Avant le Tang, pour ce budget, on acceptait les compromis. On acceptait le bruit de la route et les sifflements du vent comme une fatalité. BYD vient de prouver que le silence n’est plus un luxe réservé à l’élite, mais une prestation technique qui peut être démocratisée. Et ça, c’est peut-être la chose la plus bruyante qu’ils aient faite.