Le Carbone et le Cuir Valcona : Le SQ8, Esthétiquement Parfait, Technologiquement Incompris ?

Chez Audi, on semble avoir trouvé un équilibre unique avec le 2025 Audi SQ8, ce mastodonte de la route doté d’un cœur V8 de 507 chevaux. Pourtant, en regardant au-delà de la carrosserie sculptée et des matériaux somptueux, on découvre une machine tiraillée entre le summum du design et une interface utilisateur qui sent la naphtaline. L’élégance tactile de l’habitacle contraste violemment avec une technologie d’écran qui, pour certains, est jugée « très très datée ».

Le V8 : Le Dernier Rugissement de l’Ère Thermique

Ce moteur n’est pas qu’un simple bloc mécanique ; c’est un manifeste. Il délivre une puissance impressionnante de 507 chevaux et un couple monstrueux de 770 Nm, propulsant ce colosse de près de 2,4 tonnes (poids à vide de 2370 kg) de 0 à 100 km/h en seulement 4,1 secondes. C’est une performance qui relève de la supercar, masquée dans une enveloppe de VUS haut de gamme.

Mais ce qui captive le plus les puristes, c’est le son. Ce V8 délivre une « très bonne sonorité pour un SUV », un « bruit de V8 » qui rappelle l’âge d’or de la performance sans complexe. Pourtant, cette symphonie mécanique a un prix. Le SQ8 est un buveur, avec une consommation combinée affichée de 14,2 L/100 km, un chiffre qui peut grimper en ville (16,1 L/100 km). C’est un dilemme que l’acheteur accepte volontiers : payer le prix de l’émotion brute, un plaisir qui s’éteint lentement avec les normes environnementales. Le système Quattro à différentiel sport et la suspension pneumatique adaptative sport sont là pour dompter cette puissance, assurant que l’expérience est à la fois engageante et raffinée, permettant de « s’endormir sur l’autoroute » ou d’attaquer « pleinement ».

L’Art de la Lumière : Une Esthétique Extérieure Sans Faute

L’Audi SQ8 est visuellement une réussite incontestable, une affirmation de la nouvelle direction stylistique d’Ingolstadt. La carrosserie est plus sculptée que jamais, avec des éléments S subtilement agressifs sur les boucliers avant et arrière. L’allure générale est celle d’un coupé sportif XXL, où la ligne de toit fuyante et le becquet contribuent à une silhouette dynamique. L’exclusivité est accentuée par les boîtiers de rétroviseurs en aluminium et les étriers de frein rouges qui attirent l’œil.

L’innovation la plus spectaculaire réside toutefois dans les éclairages, qui sont désormais une signature artistique pour la marque. Le SQ8 est doté de phares HD Matrix LED à l’avant et de feux arrière OLED numériques. Ce n’est pas seulement pour la visibilité ; c’est une déclaration. Le système OLED permet au conducteur de choisir parmi quatre paires de signatures lumineuses, personnalisables via le MMI. Mieux encore, les feux arrière disposent d’une détection de proximité, activant tous les segments OLED lorsque d’autres usagers de la route s’approchent à l’arrêt, une fonction de sécurité sophistiquée transformée en spectacle. C’est ici, sur la toile extérieure, qu’Audi maîtrise parfaitement la fusion entre technologie de pointe et design émotionnel.

La Guerre des Deux Écrans : Le Contraste Cœur Brisé de l’Habitacle

Pénétrer dans l’habitacle du SQ8, c’est passer du génie extérieur à une zone de débat houleux. Visuellement, le luxe est incontestable : les sièges sport S optionnels, garnis de cuir Valcona avec motif en losange et embossage S, offrent un confort et un soutien exceptionnels. L’espace est généreux pour les passagers, et la modularité est assurée par une banquette arrière coulissante en trois parties, offrant une capacité de bagages maximale de 1755 litres une fois rabattue. Des matériaux nobles, comme l’aluminium et le carbone pour les inserts décoratifs, rappellent que nous sommes dans un produit haut de gamme.

Mais alors, où est l’incompréhension technologique ? Elle se loge au centre de la console. Les acheteurs et les critiques sont unanimes : la technologie à double écran tactile de l’interface MMI est « très très datée ». Ce n’est pas tant la fonctionnalité qui pose problème (même si certains utilisateurs signalent des dysfonctionnements du système d’aide à la conduite ou du frein de stationnement), que l’ergonomie physique qu’elle impose.

L’intégration des deux dalles d’écrans (infodivertissement et commandes de climatisation) ruine la console centrale en termes de praticité. Comme le soulignent certains, il n’y a littéralement « pas d’espace » dans la console centrale pour les objets essentiels comme un téléphone ou des lunettes de soleil, les obligeant à « voler partout ». Pour un véhicule de ce prix, destiné à être un luxueux « daily driver », cette lacune de conception utilitaire est un faux pas monumental. On se retrouve avec une cabine techniquement avancée mais qui force le conducteur à accepter « que c’est plus comme un coupé sportif ou une berline sportive en termes de convivialité ».

Le Verdict du Contraste

Le 2025 Audi SQ8 est une œuvre d’art automobile définie par un contraste saisissant. Son architecture est un triomphe d’ingénierie, alliant la brutalité d’un V8 à un raffinement de suspension qui rend la conduite dynamique et confortable. Son design extérieur, notamment avec sa signature lumineuse OLED, est une vision de l’avenir.

Mais la bataille de l’expérience utilisateur se perd dans les détails les plus fondamentaux : l’espace de rangement et l’interface tactile. Le SQ8 est la preuve qu’on peut exceller dans la performance et le design, tout en échouant sur l’ergonomie la plus basique. C’est un véhicule que l’on achète pour le son de son moteur et la qualité des matériaux (Valcona, carbone), mais que l’on utilise au quotidien en pestant contre le lieu où poser son téléphone. C’est, en somme, un chef-d’œuvre esthétique, mais un mystère pratique.