Dans l’univers des hypercars, le design est souvent synonyme de courbes élégantes, de lignes agressives et de matériaux nobles. Mais pour la Mercedes-AMG One, l’esthétique n’est pas un choix artistique : c’est un impératif de performance, dicté par les lois impitoyables de la Formule 1. Chaque surface, chaque ailette, chaque prise d’air de cette machine à 2,7 millions d’euros n’est pas là pour faire joli, mais pour dompter l’air et coller la bête au bitume. On ne parle pas de style, mais de science pure. Bienvenue dans l’univers de l’ingénierie qui se cache derrière le design le plus fonctionnel du moment.
Le Cerveau derrière la bête : quand l’esthétique s’efface devant la fonction
L’histoire de la Mercedes-AMG One est une leçon d’humilité pour les designers. Loin des planches à dessin où l’on esquisse des lignes pour le plaisir, la création de cette hypercar a commencé dans le simulateur et la soufflerie. Les ingénieurs d’AMG ont posé un ultimatum clair : le design doit servir la performance de manière absolue. Cela se traduit par une silhouette massivement orientée vers l’aérodynamique active, avec des éléments qui se déploient, se rétractent et s’ajustent en temps réel pour optimiser le flux d’air. Le résultat ? Une voiture qui semble vivre et respirer en fonction de sa vitesse. C’est l’anti-voiture de salon par excellence. Son but n’est pas de faire la belle, mais de faire le plus beau temps possible.
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Le grand secret des ailerons : L’aérodynamique active
Oubliez les ailerons fixes et les appendices statiques. La Mercedes-AMG One est dotée d’une panoplie d’éléments mobiles qui se règlent en fonction du mode de conduite choisi. L’élément le plus visible est sans doute l’aileron arrière massif, qui se déploie et change d’angle pour fournir un appui phénoménal dans les virages rapides. Mais le vrai génie réside dans des éléments moins visibles. Juste au-dessus des passages de roues avant, on trouve des louvres mobiles (des ouvertures) qui s’ouvrent à grande vitesse pour soulager la pression aérodynamique sous la voiture. Ce système, directement inspiré des voitures de course du DTM (Deutsche Tourenwagen Masters), permet d’améliorer la stabilité et d’optimiser l’écoulement de l’air sur les flancs.
Les entrées d’air : la respiration d’une F1
Si vous regardez de près l’avant de l’AMG One, vous remarquerez la complexité des ouvertures. Celles-ci ne sont pas de simples grilles. Elles sont conçues pour acheminer un flux d’air massif vers les échangeurs et les radiateurs. Mais le plus fascinant reste l’énorme prise d’air sur le toit. Connue sous le nom de « roof scoop », elle est une réplique quasi parfaite de celle que l’on trouve sur les monoplaces de Formule 1. Son rôle est double : elle alimente directement le V6 hybride en air frais et, de manière plus subtile, elle aide à refroidir les éléments de puissance électriques situés juste sous le capot. La prise d’air est le symbole le plus visible du lien de parenté entre l’AMG One et la F1.
Le requin sous le capot : le tunnel aérodynamique
Le design de l’AMG One est une affaire de canalisation de l’air. Sous la voiture, on trouve un plancher plat qui s’étend sur toute la longueur. Ce n’est pas juste un détail esthétique. En Formule 1, le plancher plat est la clé de la performance, car il permet d’augmenter l’appui en créant un effet de succion. Combiné à un diffuseur arrière monstrueux, il fonctionne comme un véritable tunnel aérodynamique inversé. De plus, les ingénieurs ont ajouté des mini-ailettes (appelées « vortex generators ») dans les zones de faible pression pour rediriger l’air et le maintenir collé à la carrosserie.
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La proue et le nez : Le secret des ailerons de requin
Le nez de l’AMG One est une œuvre d’art de l’ingénierie. Regardez attentivement les ailes avant : elles sont sculptées et munies de petites ailettes verticales. Ces « ailerons de requin » ne sont pas là pour l’effet. Ils servent à réguler le flux d’air au-dessus des roues avant, réduisant ainsi la traînée et dirigeant l’air vers les canaux de refroidissement des freins. Cette approche, d’une précision chirurgicale, est un copier-coller des solutions techniques vues sur les monoplaces lors des essais en soufflerie.
L’intégration des composants : quand les pièces révèlent leur fonction
Contrairement à la majorité des hypercars, où les éléments mécaniques sont masqués, l’AMG One met un point d’honneur à les exposer. Le capot moteur est une coque de carbone qui s’enlève en une seule pièce, révélant la complexité du V6 hybride. Les sorties d’échappement, directement inspirées du système de récupération d’énergie (ERS) de la F1, sont positionnées en hauteur pour optimiser le flux des gaz brûlés. Ce choix de design « transparent » est un hommage à l’ingénierie et une façon de dire que chaque composant a une raison d’être, même s’il est techniquement « moins esthétique » que s’il était caché.
Les jantes en carbone : La révolution de la gestion de l’air
Les jantes de l’AMG One ne sont pas juste légères et belles. Elles sont un élément aérodynamique à part entière. Les jantes en fibre de carbone (en option) sont dotées d’un carénage qui recouvre presque entièrement la surface, ne laissant que de petites ouvertures. Ce choix a une raison d’être : il réduit considérablement la traînée générée par les turbulences des roues et améliore le refroidissement des freins en canalisant l’air de manière plus efficace. Ce n’est pas seulement de la légèreté, c’est aussi de l’aérodynamisme de pointe.
L’intérieur : L’ergonomie au service du pilote
Même l’intérieur de l’AMG One crie Formule 1. Oubliez le luxe ostentatoire. Ici, tout est minimaliste et axé sur le pilote. Le volant rectangulaire, directement inspiré de la F1, est surchargé de boutons et de sélecteurs pour le réglage des modes de conduite. Le siège, un baquet de course qui fait corps avec le châssis, est la seule pièce qui se règle. Tout le reste est fixe pour une ergonomie optimale et une connexion directe avec la machine. Le cockpit est une extension du pilote, pas un salon sur roues.
La Mercedes-AMG One n’est pas une simple hypercar. C’est une Formule 1 domestiquée et homologuée, une machine qui fait voler en éclats la frontière entre la piste et la route. Son design n’est pas le fruit d’une inspiration, mais d’une contrainte : celle de la performance absolue. Chaque ligne, chaque courbe, chaque détail caché est là pour une seule raison : faire de cette voiture une extension du sport automobile le plus extrême. Elle est la preuve que dans le futur de l’automobile, la beauté n’est plus une question de style, mais de science.