Le roi du remorquage ? Ce que les 9 520 lbs du Sequoia signifient VRAIMENT.

Sur le papier, le chiffre est une déclaration de guerre : 9 520 livres, soit plus de 4 300 kilos. Avec ce seul nombre, Toyota ne se contente pas de frapper à la porte du club très fermé des « Big Three » de Detroit ; il tente de la défoncer. Mais dans le monde réel, un chiffre de remorquage n’est jamais qu’un chiffre. C’est souvent ce qui n’est pas écrit sur la brochure qui fait de vous un roi… ou un simple prétendant bruyant.

L’arme secrète : le couple de l’i-FORCE MAX

Il faut rendre à César ce qui est à César. Le cœur de la capacité de remorquage du Sequoia 2025 est une merveille d’ingénierie : le V6 biturbo i-FORCE MAX. Oubliez les vieux V8 gloutons ; ici, Toyota a pris un V6 de 3,4 litres et y a greffé un moteur électrique. Le résultat est instantané et brutal. On parle de 437 chevaux, mais ce chiffre est presque secondaire. Le vrai héros, c’est le couple : 790 Nm (583 lb-ft) disponibles à un régime incroyablement bas.

Pour le remorquage, le couple est roi. C’est ce qui vous arrache, vous et votre bateau de 4 tonnes, d’une rampe de mise à l’eau glissante. C’est ce qui vous permet de doubler un camion en montée sans que le moteur hurle à la mort. Le moteur électrique comble le moindre « trou » du turbo, offrant une poussée linéaire et implacable. Sur ce point, Toyota a créé une bête. Cette puissance est transmise via une boîte automatique à 10 rapports bien étagée qui semble toujours savoir quoi faire. En théorie, le Sequoia a la puissance de feu pour soutenir ses ambitions.

Le châssis : bénédiction ou malédiction pour la traction ?

Pour gérer cette force, le Sequoia repose sur la nouvelle plateforme globale TNGA-F, la même qui soutient les robustes Tundra et Land Cruiser. C’est une architecture « body-on-frame » (châssis échelle) avec un cadre entièrement caissonné. C’est du solide, du très solide. Cette rigidité est une bénédiction absolue pour le remorquage, car elle empêche le véhicule de « fléchir » sous la contrainte d’une lourde remorque, améliorant ainsi la stabilité et le contrôle.

Mais c’est à l’arrière que Toyota a fait un pari audacieux. Fini les ressorts à lames rustiques de camion. Le Sequoia est équipé d’une suspension arrière multibras avec ressorts hélicoïdaux, conçue pour offrir un confort de conduite digne d’un SUV de luxe. Le problème ? Cette configuration, si douce sur l’autoroute, a tendance à s’affaisser davantage sous une charge lourde (le « poids au timon » de votre remorque) que des ressorts à lames. Bien sûr, Toyota propose une suspension pneumatique en option pour compenser, mais cela ajoute au coût et à la complexité. Le vrai problème est que cette conception de suspension arrière, combinée à l’emplacement de la batterie hybride, est aussi la raison pour laquelle le plancher du coffre est si haut.

Le diable se cache dans les (petits) détails

C’est ici que le château de cartes marketing s’effondre. Vous avez votre Sequoia, votre remorque de 9 000 livres, et votre famille prête pour l’aventure. Vous prenez la route, le moteur ronronne… et 200 miles (320 km) plus tard, le voyant de carburant s’allume. Bienvenue dans le cauchemar du Sequoia. Alors que ses concurrents offrent des réservoirs de 28 ou même 30 gallons (106-113L) en option, Toyota a équipé son monstre de remorquage d’un réservoir de 85 litres (22.5 gallons).

C’est une plaisanterie. En tractant une charge lourde, la consommation d’un véhicule double, voire triple. Les propriétaires rapportent une moyenne de 8 à 10 miles par gallon (23 à 29 L/100km) en remorquage lourd. Avec un réservoir de 85 litres, vous cherchez une station-service toutes les deux heures et demie. Ce n’est pas de l’aventure, c’est du stress logistique. Le « roi du remorquage » ne peut même pas traverser un petit État sans s’arrêter pour boire.

Et puis, il y a le coup de grâce : la charge utile. Ce chiffre magique de 9 520 livres est calculé avec un conducteur de 150 livres et rien d’autre dans le véhicule. La charge utile maximale du Sequoia (le poids que vous pouvez mettre dans le véhicule) est d’environ 1 300 à 1 400 livres.

Un roi du sprint ou un marathonien ?

Alors, le Sequoia est-il le nouveau roi ? Oui… si votre royaume est la rampe de mise à l’eau de votre lac local. Pour un « sprint » de remorquage, pour impressionner en arrachant un bateau de l’eau grâce à son couple électrique, il est imbattable. Le moteur i-FORCE MAX est une déclaration de puissance phénoménale.

Mais le remorquage sur longue distance n’est pas un sprint, c’est un marathon. Et dans ce marathon, le Sequoia est un athlète de classe mondiale qui se présente avec de mauvaises chaussures et une petite bouteille d’eau. Son petit réservoir est une erreur de conception presque impardonnable pour un véhicule de cette vocation, et sa charge utile limitée le force à des compromis que ses concurrents (comme le Expedition Max ou le Tahoe) n’imposent pas. Le chiffre de 9 520 livres est une manchette fantastique, mais ce n’est que la moitié de l’histoire.