Dans l’Aventador Ultimae, le premier contact physique que vous avez avec la machine est un clapet de sécurité rouge, tout droit sorti d’un Eurofighter Typhoon. Ce n’est pas une procédure de démarrage, c’est un protocole d’armement. Soulever ce petit bouclier en aluminium fait monter le rythme cardiaque avant même que le V12 n’ait émis la moindre note. C’est le premier indice : vous n’entrez pas dans une voiture, vous vous sanglez dans un cockpit.
L’ergonomie d’un Jet, pas d’une GT
La première chose qui vous frappe en tombant dans le siège baquet de l’Ultimae, c’est que l’espace n’est pas conçu pour le confort, il est conçu pour le contrôle. Vous êtes assis au ras du sol, dans une monocoque en fibre de carbone qui vous enveloppe. Le pare-brise n’est pas une fenêtre sur le monde ; c’est une visière, incroyablement inclinée, qui ne vous donne à voir que l’essentiel : la route, et rien que la route. Le monde extérieur devient une traînée floue, un simple décor pour votre mission.
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La console centrale est massive, un monolithe de carbone qui divise l’habitacle en deux postes de pilotage distincts, comme dans un avion de chasse biplace. Il n’y a pas de « partage » d’espace avec le passager. Il y a le pilote, et il y a le reste. Tout, des commandes de climatisation (qui ressemblent à des interrupteurs de train d’atterrissage) à l’écran central, est incliné vers vous.
Et parlons de cet écran. Oui, selon les standards de 2024, l’infotainment de l’Ultimae est « daté ». Il est lent, un peu confus, et son GPS vous rappellera des souvenirs d’il y a dix ans. Mais c’est précisément ce qui le rend génial. Un pilote de F-22 ne se soucie pas de savoir si Apple CarPlay est fluide. Il se soucie de ses données de vol. L’Ultimae adopte cette philosophie. L’infotainment est secondaire. Ce qui compte, c’t le vrai écran : celui qui se trouve derrière le volant.
Le « Mode Mission » : L’affichageTFT
Le véritable centre névralgique de l’Ultimae est son combiné d’instruments digital. C’est là que le parallèle avec l’aviation devient saisissant. En mode « Strada » ou « Sport », il affiche des informations de manière relativement conventionnelle. Mais activez le mode « Corsa », et l’écran se transforme. Tout le « bruit » visuel disparaît. Les informations superflues sont balayées pour ne laisser place qu’à un compte-tours central, gigantesque, qui domine l’affichage.
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C’est un affichage tête haute, sans l’être. Il n’y a pas d’hologramme sur le pare-brise, mais l’information est si claire, si agressive, qu’elle se grave sur votre rétine. Le rapport engagé est affiché en grand, la vitesse est reléguée au second plan. La seule question que le tableau de bord vous pose est : « À combien de tours es-tu ? ». C’est un outil de mission. Il est là pour vous informer sur l’état de votre arme principale : le V12 de 780 chevaux qui hurle à 8 700 tr/min juste derrière vos oreilles.
Armement : Le rituel du Capot Rouge
Revenons à ce bouton de démarrage. Ce n’est pas un simple gadget esthétique. C’est une barrière psychologique. Chez « Africars24 », nous avons conduit des voitures avec des boutons de démarrage fantaisistes, mais aucun n’a cet impact. Ce clapet rouge vous force à faire une pause. C’est un acte délibéré en deux étapes.
Étape 1 : Soulever le capot. C’est l’autorisation. Vous confirmez à la machine que vous êtes prêt. Votre cerveau se met en condition.
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Étape 2 : Appuyer sur le bouton « Start ». C’est l’engagement. L’explosion qui s’ensuit n’est pas le ronronnement feutré d’une GT. C’est le réveil brutal d’un moteur de course, un cri qui fait vibrer chaque panneau de carbone de l’habitacle.
Ce rituel, répété à chaque démarrage, est fondamental. Il sépare l’Ultimae de toutes les autres supercars. Il vous conditionne. Vous ne « démarrez » pas une Ultimae, vous la « lancez ». C’est le même sentiment de puissance contenue qu’un pilote ressent lorsqu’il enclenche la postcombustion.
Un cockpit de Carbone et d’Alcantara
L’habitacle de l’Ultimae est une symphonie de deux matériaux : la fibre de carbone et l’Alcantara. Et comme dans un avion de chasse, ces choix ne sont pas esthétiques, ils sont fonctionnels. La fibre de carbone est visible partout, sur les portes, le tunnel central, la structure des sièges. Elle vous rappelle constamment que vous êtes assis dans une machine obsédée par le poids, une structure rigide conçue pour des performances extrêmes.
L’Alcantara recouvre le volant, certaines parties du siège et le ciel de toit. Pourquoi ? Pour l’adhérence. C’est le même matériau que l’on trouve sur les volants de F1. Lorsque vos mains deviennent moites à l’approche d’un virage, l’Alcantara ne glisse pas. Il vous ancre. Il vous connecte à la direction des roues arrière et à la traction intégrale. C’est un outil, pas un ornement. Chaque texture est conçue pour vous maintenir en place pendant que la voiture tente de déformer les lois de la physique.
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La Fin de l’Analogique, le Début de l’Émotion Pure
Ce qui scelle l’expérience « pilote de chasse », c’est ce qui se passe lorsque vous tirez sur la palette de droite. L’Ultimae utilise la fameuse boîte de vitesses ISR (Independent Shifting Rods). Selon les standards modernes, c’est une boîte « stupide ». Elle est lente en mode automatique et d’une brutalité sauvage en mode Corsa. Chaque passage de rapport est un « thump », un coup de marteau dans votre colonne vertébrale.
Cette boîte vous rappelle que vous pilotez une machine mécanique, pas un simulateur. La nouvelle Revuelto, sa remplaçante, est un bijou de technologie. Sa boîte à double embrayage est parfaite, ses moteurs électriques masquent les défauts. C’est un chasseur « Stealth » de 5ème génération. L’Ultimae, c’est le F-14 Tomcat : analogique, bruyant, et il vous faut des compétences pour en tirer le meilleur.
Conduire la Revuelto, c’est être assisté par un ordinateur de bord surpuissant. Conduire l’Ultimae, c’est devoir dompter 780 chevaux qui ne demandent qu’à vous arracher le volant des mains. Le cockpit de l’Ultimae n’est pas un salon luxueux. C’est un poste de commandement. Et c’est exactement pour ça qu’elle restera dans l’histoire comme la dernière, et peut-être la plus grande, des Lamborghini V12 pures.